
Cette confiance a sa source encore dans les énergies du matin. Thoreau, dans toute son oeuvre, veut croire aux matins, ou plutôt: c'est le matin qui fait croire. Il faut toujours partir à l'aube quand on marche. Pour accompagner le lever du jour. Et dans cette heure indécise, bleue, on ressent comme les balbutiements de la présence. Marcher le matin, c'est rencontrer la pauvreté de notre volonté, au sens où vouloir est le contraire d'accompagner. Je veux dire que suivre pas à pas un matin qui se lève, c'est tout sauf un arrachage brusque, une volte-face brutale, une décision. L'évidence du jour s'impose lentement. Bientôt le soleil sera levé et tout commencera. Les duretés de conversions volontaires, solennelles, bavardes, trahissent leur fragilité. Le jour ne commence jamais comme un acte de volonté: il se lève dans une certitude sans inquiétude. Marcher le matin, c'est comprendre la force des commencements naturels.
La santé se mesure à l'amour du matin. (Thoreau) " (page 136)
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