Elle avait toujours vécu au sein d’une certaine solitude et un étrange désarroi depuis ce matin où elle avait dû lâcher le cou de sa mère, les adultes étaient depuis devenus des étrangers et les hommes des ignorants. Ses lèvres avaient gardé un goût de sel, souvenir de la plage de son enfance, son ultime refuge. Se glisser entre les vagues affectueuses avait remplacé le manque d’amour qui entourait le petit village lusitanien qui la vit naître. Le regard souvent posé sur le large, la ligne d’horizon l’attirait comme un appel vers un monde meilleur et il n’était pas rare quelle nage si loin qu’elle hésitait à revenir. Elle n’a jamais cherché comme les gens de son âge, la facilité et le confort abstrait des citadins, la tristesse et l’inquiétude de son regard frappait immédiatement. Ses longues jambes semblaient vouloir se séparer l’une de l’autre, chacune désirant découvrir un endroit différent, ce qui lui donnait une démarche chaloupée et surprenante. Lentement elle remontait l’escalier de pierres, qui menait à cette autre village au dessus du lac, bien loin de son enfance, déjà le soleil basculait.
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