Raconter une NDE est toujours quelque chose d'intime, il ne faut absolument rien changer où modifier, à l'expérience vécue, les faits doivent être notés, exactement comme ils se sont produits, avec exactitude. Une NDE est un témoignage sur un autre monde, sur celui que devrait atteindre, un jour, chacun d'entre nous. C'est pour cela que je raconterais les faits, tels qu'ils se sont produits, sans rien rajouter de plus. Je puis certifier que, tout ce que vous allez lire, s' est bel et bien produit, par une nuit sans lune, au large de la côte de Victoria au Cameroun (aujourd'hui rebaptisée Limbé). Mon cargo avait jeté l'ancre, par une douce soirée, que seule l' Afrique sait produire, un léger roulis frappait les flancs du navire tandis que, l'équipage s'activait à préparer les cales, pour le chargement de cacao du lendemain, J'étais à l'époque matelot léger à bord. Mon but, gravir les échelons afin d'obtenir le grade d'officier puis de capitaine par la suite . Quelques hommes d'équipage, ayant fini leur quart, décidèrent de se rendre à terre au moyen d'une chaloupe munie d'un petit moteur et de rames de secours, afin d'aller visiter la ville et faire la fête. Le capitaine avait exigé que l'équipe soit au moins composée de 8 hommes, sinon pas de virée. Il n'était pas dans mes intentions de me rendre à terre, ce soir là, préférant lire tranquillement un livre en cabine, mais à force de supplique des mes camarades de pont, je me forçais à accepter de les accompagner à terre. Nous nous éloignèrent doucement du cargo, au son saccadé du moteur de la chaloupe, tout en discutant de tout et de rien. Les lumières de la côte se rapprochaient doucement, une légère brise nous caressait le visage, c'est alors que venant de tribord, surgissant comme une montagne du néant, une énorme vague vînt retourner la chaloupe comme une vulgaire boîte de métal, nous jetant dans la mer tiède. L'angoisse avait remplacé le bonne humeur, la chaloupe s'était remise à l'endroit mais remplie d'eau à raz bord. Il nous était impossible de remonter tous à bord, une seconde vague moins forte frappa à nouveau son flanc, je vis un des hommes, agrippé à un côté, recevoir un énorme coup sur le front et disparaître en dessous, la nuit sans lune empêchait toute vision nette et je compris vite que, ne nous étant pas rendu compte du courant remontant la baie , l'accident était inévitable.
Moteur noyé et dans l'impossibilité de remonter tous à bord, je décidais de tenter de rejoindre le rivage, à la nage, suivi de presque tous les hommes. Les petites lumières blanches semblaient si loin et, le roulis des vagues dans mon dos, jouait avec moi comme avec un ballon de plage. Très vite, je compris qu'il me fallait nager seulement quand la vague me reposait doucement , le reste du temps je me laissais pousser par elle, ce qui économisait mes forces. J' entendais des cris de détresse, ne sachant pas d'où ils venaient exactement, je ne pouvais porter aucun secours, ce qui me pertube encore aujourd'hui, car 3 de mes camarades se noyèrent, seuls dans le noir, cette nuit là. Je ne pouvais que me laisser faire par la mer en évitant de trop m'angoisser. La survie devait être mon seul leitmotiv à court terme. Ce n'est qu'au bout de centaines de vagues plus loin, que mes forces m'abandonnèrent et que malgré ma volonté de survie avec. Doucement les lumières de la côte, comme des étoiles inaccessible, se brouillèrent et que, je me sentis attiré par le fond, aucune crainte ne s'empara de moi et, lentement, tout mon corps glissa, dans les abîmes de l'eau tiède, comme un retour d'avant ma naissance. Déjà, je quittais un monde, pour partir vers l 'aventure, vers l'inconnu, vers un autre monde, un bien être total commença à m'envahir, tandis que les bruits marins faisaient place aux bruits terrestres. Je m'enfonçais, avec douceur, sans résistance, la mer m'enlevait au monde terrestre. C'est alors qu'une lumière, si douce, venue des abysses, m'enveloppa et m'entoura sans préavis. J'oubliais mon corps et un bien être, sans pareil, m'envahi. La lumière était si douce, si intense que j'oubliais tout, je planais voluptueusement au milieu de nulle part. Brusquement, un retour dans le passé, à très grande vitesse, s'opéra. Le phénomène devait dépasser, des millions de fois, la vitesse de la lumière et tout l'espace temps normal de notre monde. Il me plongea dans toutes les rencontres et tous les moments forts de ma vie. Je ressentis comment, toutes les personnes, à qui j'avais mal parlé ou envers lesquelles mon comportement avait été blessant, avaient réagi. Une certaine tristesse m'envahi d'un seul coup, mes mauvaises actions défilèrent rapidement comme lors d'un jugement. D'un seul coup, tout cessa et je me retrouvais dans la lumière flottant au son d' une musique si belle et douce que jamais, pareille symphonie ne frôlèrent mes oreilles depuis. Je sais aujourd'hui que les plus grands musiciens essaient toujours, d'atteindre cette perfection, sans succès, celui qui s'en rapprocha le plus devait être W.A. Mozart, mais, il en est resté encore bien loin. Je ressentis tout l'environnement terrestre à travers mon âme, j'étais un arbre, un animal, une fleur ou même un meuble de salon, je faisais entièrement partie de chaque élément terrestre, j'étais toutes les molécules qui constitue notre monde et tout mon être en ressentait la beauté. C'était un tel sentiment de bien être que, le décrire avec exactitude, s'avère chose impossible, plus d'angoisse, ni de jalousie ni de haine, ni de douleur ou de crainte, plus que de l'amour, rien que de l'amour et du bien être, comme un douceur sans fin, un nirvana complet, tout m'apparu clair et vrai, je connaissais la vérité en toute chose, toute chose était en moi le plus profond, j'étais chaque molécule de l'univers. Lentement la lumière blanche qui m'entourait se dissipa me laissant planer au delà de sa douceur et c'est alors que, la plus belle de toute les vallées, s'offrit à mes yeux. Elle était aussi large qu'une mer d'immenses arbres d'un vert tendre lui donnaient un air resplendissant. Elle était la nature à l'état pur et chaque arbre semblait me reconnaître et vouloir me donner tout son amour. Je tiens à préciser que jamais je ne vis personne physiquement, mais que, je ressenti bien des présences, tout au long de mon voyage, lequel m'apprit aussi que l'absence physique n'est rien, car le temps réunit toujours ceux qui s'aiment. Au fond la vallée obliquait à droite, et je sus instinctivement que là-bas plus loin, se trouvait la vérité de la vie et de la mort, je pressenti qu'arrivé à ce point je saurais tout, mais que jamais je ne reviendrais sur terre, cela je le compris vraiment plus tard. Je ne sais pas pour l'instant ce qu'il se trouvait au bout de la vallée, peut-être une cité merveilleuse, un Dieu, où qui sait....
Lentement, je sentis du sable sous mes pieds, et une impression de liquide tiède entourant mon corps, une lumière sombre et noire, remplaça la clarté et je revins sur terre, je me trouvais au fond de la mer et d'un coup de rein, je remontais à la surface, la côte s'était rapprochée et ma fatigue disparue, je trouvais la force de rejoindre un récif de pierres noires tranchantes comme des couteaux qui me lacérèrent les jambes et le corps les vagues prenant un malin plaisir à me plaquer contre ces cailloux coupants. Ce sont des indigènes qui me recueillirent et m' amenèrent dans une case de village pour soigner mes plaies en y mettant du vicks (produit contre les refroidissements) , ce qui me fit plus de mal que de bien, mais je les remercie encore pour l'intention. J'ai encore dû marcher un moment en lisière de jungle pour atteindre une maison de colons qui possédait un téléphone, afin de prévenir les gardes côtes et le bateau de notre naufrage. Trois corps furent rejetés sur la côte le lendemain, ils furent enterrés au dessus de la petite ville de Limbé (anciennement Monrovia) au sein d'un petit cimetière perché au milieu de palmiers envahi de croix blanches penchées dans tout les sens. Les deux camarades disparus par noyade possédaient des diplômes de natation et, l'un deux avait été champion Belge de cette discipline. Ont-ils été plus haut dans la verte vallée et sont-ils restés là-bas ou ont-ils suivi un autre chemin ? qui sait. Le lendemain, des résidents de la région me précisèrent que, nous avions eu énormément de chance dans notre malheur, car la baie est infestée de requins, penser que, en plus, des squales m'entouraient dans la nuit, lors de mon aventure, m' a convaincu que, tout cela avait été un véritable miracle, pour ma personne, et une triste fin pour mes amis. Limbé s'avère être une région très catholique et se trouve être un lieu sacré pour la religion, car des apparitions y ont eu, lieu à de nombreuses reprises et, les églises, y sont plus nombreuses que les épiceries. Encore un mystère, je ne suis pas croyant et je ne le suis toujours pas, mais je crois en quelque chose, une force, un Dieu où une vérité, depuis cette nuit, je sais qu'il n'y a que l'amour et la compréhension de l'autre qui nous mèneront vers la vallée verte. Il est une plage de sable noir, plantée de palmiers aussi hauts que des bras tendus vers les étoiles, une plage bordée d'une eau foncée et tiède où des requins m'ont peut-être aidés à vivre, ici bas. Une plage qui désormais marque la frontière de deux mondes, ceux de la vie et de la mort, mais je sais, qui en réalité n'en fait qu'un , car depuis au fond de mon âme, j'ai le passeport vers la vallée verte, la vallée de l'amour.
Philsland©RealNewsCo.
La vallée de l'amour et de la vie on dirait !
Rédigé par : euqinorev | dimanche 14 janvier 2007 à 17:01
Merci vraiment, cette expérience semble extraodinaire. La manière dont elle est décrite . Je ne peux m'imaginé à quoi ressemble la mort, mais comme elle est décrite, elle semble et moins effrayante que nous le laisse croire certaine religion. Est-ce que tu connais Plotin? C'est un philosophe de l'Antiquité. Ce qu'il décrit de ses expériences ressemblent beaucoup à cette histoire. l'union de l'âme avec Dieu. Nous ne sommes plus qu'un avec toutes choses. Nous sommes l'Univers, tout ce qui est vivant, non vivant. Il a lui aussi vécu des expériences de NDE mais je n'ai jamais pu en lire. Et quel chance tu as eu de t'en sortir.
Oshad
Québec
Rédigé par : Oshad | vendredi 19 janvier 2007 à 07:08
j'ai du mal à dire autre chose,ce témoignage est bouleversant,touchant,rassurant et si précieux.
C'est un veritable témoignage "tresor" que tu nous offres Philsland,je cherche mes mots......Merci
Severine
Rédigé par : Severine | vendredi 19 janvier 2007 à 07:10
Je n'ai qu'un mot merci Philsland,ton récit parait irreel,je l'ai lu ou plutôt dévoré des yeux
je me dit qu'elle aventure je suis sure que depuis ta mésaventure tu vois le monde autrement et que la peur de la mort pour toi n'existe plus
encore merci de nous l'avoir confié sur le site ,c'est un joli cadeau.
Patou
Rédigé par : Pat | vendredi 19 janvier 2007 à 07:13
Merci pour ce témoignage trés bien raconté.
Vivianne
Rédigé par : Vivianne | vendredi 19 janvier 2007 à 07:16
...je me souviens, je n'avais pas les détails, et là je dois préparer le repas, mais je vais revenir -je vais même copié/collé, si tu me le permets ?
Je ne me lasse pas de ces récits là...
je t'embrasse
Coli
Rédigé par : Fri | mardi 23 janvier 2007 à 19:59
Très bien d'écrit, fabuleuse expérience, merci pour le partage.
Sincérement
Rédigé par : Julien | mercredi 24 janvier 2007 à 11:35
Comme c'est magique et réconfortant! J'espère y penser très fort le jour où j'y arriverai si j'ai peur...
Rédigé par : Féerisette | jeudi 25 janvier 2007 à 22:44
L'abbé Pierre répondit un jour à un futur Compagnon qui lui disait 'moi vous savez, je ne crois pas en Dieu" "Ca ne fait rien, l'essentiel est de savoir que Dieu croit en toi !'
Tendresse Phil
Rédigé par : Coli | dimanche 28 janvier 2007 à 10:11
merci...
Rédigé par : lollah | mardi 30 janvier 2007 à 10:03
Ce matin j'ai accompagné une personne en fin de vie.Dans ces derniers souffles,de plus en plus rares,à ce moment si angoissant de l'ultime séparation,j'ai pensé à la vallée verte de Philsland, alors que ma main caressait son bras je me sentais lui dire interieurement qu'elle pouvait rejoindre cette vallée ou elle retrouverait les siens disparus.
Merci Philsland de m'avoir fait partager ton histoire,ce matin elle m'a accompagné et aidé.
Severine
Rédigé par : Severine | mardi 30 janvier 2007 à 20:34
Dans cette nouvelle, je ressens quelque chose de très fort, quelque chose qui se trouve au dessus des mots.
Sincérement merci
Rédigé par : Joan | mercredi 31 janvier 2007 à 15:30
http://www.express.be/joker/fr/platdujour/la-mort-est-une-illusion/204420.htm
Rédigé par : Philsland | jeudi 17 avril 2014 à 21:06