De chemin en chemin seul au monde comme une tuile cassée j'avance malgré la pente. Tout n'est que supposition avant que d'être, la monotonie n'a pas de place au début de la vie. Nous arpentons les rues comme tout à chacun, le bruit des cafés caressent nos oreilles tandis que la brise sur le pont rafraichi nos joues, on se sent mieux lorsque l'on entend de la musique, elle apaise, elle crée les rêves oublie la réalité. Au sud des choses, il doit y avoir des îles, des continents, des mondes, mon pas s'allonge, mes pensées, mon imagination m'accompagne et mon coeur s'ouvre, ma destination serait elle de dépasser l'univers, de le manger. Je veux toucher la Patagonie, aller vers des terres où personne n'ira, la vie me tire par la main comme celle de ma mère le faisait le regard distrait. Entre les âmes et entre les étoiles se cache un monde, un autre monde, ces rues tristes et ces gens égarés ne sont que la pâle esquisse d'une aquarelle sans couleurs et sans horizon. Les feuilles des arbres du square Voltaire tapissent le sol, comme des fragments de poèmes déjà fanés, tandis que la lune doucement rappelle la nuit au pur silence. J'ai entendu parler de cargos qui jamais ne restent immobile, même retenus au quais aux bouts de grosses amarres sur lesquels quelques rats curieux cherchent l'aventure. Les livres parlent plus que beaucoup d'hommes et les rêves qu'ils contiennent sont souvent les marques pages d'un soir. Les navires lorsqu'il s'éloignent des terres, que peu à peu ils perdent de vue et que tout s'emplit d'un vent salé et que la côte devient une ligne foncée, donnent t'ils encore une raison d'exister socialement. Le mouvement de l'éloignement ne donne t'il pas la nausée, lorsque la côte disparait avec ses angoisses inquiète et ses remords. J'ai toujours aimé, voir le monde dans ses propres choses et garder mes rêves et mon imagination tout au fond de mes poches. La réalité c'est l'être que tu es, l'imagination et la réalité, c'est l'être en devenir, il faut toujours garder un certain équilibre entre les deux pour ne pas que le vase ne déborde. A bien y regarder, les étoiles ne tombent t'elles pas dans la mer, mon pas ralentit l'espace, c'est comme de naviguer plus lentement pour agrandir les océans. Quelle joie de liberté pour qui se ressent lui-même, la conscience de l'aventure fait des vagues dans le ciel assombri. L'école n'a fait que me confirmer que je me devais de rester dans mes rêves avec l'amertume de ce que je ne serais jamais. Le vent surprend mes cheveux au détour de la rue du Lac, des ombres en substance improbable, fluides et abstraites glissent au travers de mes pensées. J'ai toujours aimé arpenter les rues, le soir, m'imaginant dans une autre ville dans un autre monde, nous sortons de chez nous et il y a la terre entière accrochée à nos rêves. Ma mère attend toujours l'homme de sa vie, qui me ressemblerait,qui lui ressemblerait, qui nous ressemblerait, elle est à l'heure où on ne sait comment vivre, sensible, elle laisse des parfums dans son regard inquiet et tendre. Mon père est parti depuis des années chercher des cerfs volants en des terres emplies d'indiens alcoolisés, laissant sont, coeur flagellé par des hordes dites: civilisées en cravates et au regard fou. Je marche au milieu d'un tas de feuilles qui ont fuit les branches pour mieux laisser l'arbre s'endormir au clair de lune. Je m'aperçois soudain que l'éclairage d'une grande cité n'est que le protoplasma du monde mathématique du futur, un monde sans humanité et sans avenir réel. Lumière opaque entourée de chocolat pour mieux enrober les enfants. Je suis à l'âge où l'on veut cinquante choses à la fois avec une intelligence qui ne sait que convoiter. Je croise le regard d'une femme qui glisse entre les ombres de la nuit, rencontre fortuite, avec ceux qui resteront toujours des étrangers. Un sentiment qu'il faut toujours être détaché même de soi, pour survivre au mieux dans cette société m'a toujours accompagné.La seule fenêtre qui soit restée ouverte, est celle de la littérature et sa lumière de liberté. Les phares d'une voiture éclairent brusquement un panneau sens interdit, qui me rappelle qu'il faut toujours les braver. Mes pas me ramène vers la haute maison de pierres grises en haut de la rue dans laquelle je suis né.Tandis que la lourde porte se referme sur la nuit. Il est l'heure à laquelle je sais comment vivre et changer les choses, j'ai tout simplement sommeil et non des idées à oublier.
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